• « De plus en plus de plates-formes numériques proposent des documentaires en ligne à condition de souscrire à un abonnement payant. »
    (Mustapha Kessous, sur lemonde.fr, le 18 juin 2016)   

     

    FlècheCe que j'en pense


    Souscrire fait partie de ces verbes (avec aider, croire, penser, toucher, etc.) qui changent de sens selon leur construction. Employé comme transitif direct (c'est-à-dire avec un COD), il a d'abord signifié « revêtir (un acte) de sa signature pour l'approuver », conformément à son étymologie latine (subscribere, « écrire dessous, écrire au bas, mettre en inscription ») : souscrire un contrat, un traité, un testament, un engagement. Puis on le trouve suivi de la préposition à, notamment avec le sens figuré de « donner son accord, son adhésion, consentir » : souscrire à un projet, à un programme, à une idée, à ce qui a été dit, aux exigences de quelqu'un.

    Mais c'est quand souscrire est utilisé avec la valeur de « s'engager à payer en signant » que le risque de confusion entre les deux constructions est le plus grand. Comparez : souscrire un abonnement, un forfait de téléphonie, une assurance-vie, mais souscrire à une publication, à un emprunt. S'il est bien question, à chaque fois, d'un engagement de payer, celui-ci ne porte, dans la construction indirecte, que sur une portion de la chose payée, comme le fait justement remarquer le Portail linguistique du Canada : un ou plusieurs exemplaires d'un ouvrage à paraître ou en cours de publication, une ou plusieurs parts d'un emprunt public. Avouez que la distinction est subtile...

    Ce n'est pas une raison pour ne pas y souscrire.

    Remarque 1 : On veillera à distinguer souscrire un emprunt (c'est-à-dire obtenir une somme d'argent que l'on s'engage par écrit à rembourser) et souscrire à un emprunt (y participer en se portant acquéreur d'un certain nombre de parts).

    Remarque 2 : Souscrire se conjugue comme écrire.

    Remarque 3 : D'après le TLFi, l'expression souscrire à deux mains « a vraisemblablement été formée d'après applaudir à, des deux mains au sens de "approuver entièrement" ».

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Souscrire un abonnement.

     


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  • C'est selon

    « Un montage de unes circulant actuellement sur le web, [...] qui témoigne de la présence du mot "migrant" (au singulier ou au pluriel, selon qu'il soit adjectif ou substantif) dans plus de trente titres du Daily Express ces dernières semaines. »
    (Emmanuel Tellier, sur telerama.fr, le 27 juin 2016)   

     

    FlècheCe que j'en pense


    Une fois n'est pas coutume, les spécialistes de la langue sont unanimes : la locution conjonctive selon que exige l'indicatif − voire le conditionnel, ajoute Hanse (1) −, qu'elle marque la conformité (« Selon qu'il fut dit, il fut fait », cardinal de Retz ; « Ai-je réglé ma vie selon qu'il convenait ? », Barrès), la proportion (« Ainsi se vont les opinions succédant du pour au contre, selon qu’on a de lumière », Pascal ; « Agir, selon qu'on a de lumière et de force », Blondel) ou, surtout, l'alternative (« Selon que vous serez puissant ou misérable », La Fontaine ; « Selon que le chef était plus ou moins sévère », Hugo).

    Pourquoi l'indicatif, me demanderez-vous ? Parce que, à la différence de (soit) que... (soit) que... qui exprime une alternative d'hypothèses dont le choix n'a pas d'influence sur l'accomplissement du procès de la proposition principale, selon que (comme suivant que) en corrélation avec ou exprime − selon (!) Sandrine Blondet, dans sa Grammaire française (2003) − « une alternative exclusive de deux hypothèses dont une seule est valable » ; et comme l'une est posée comme réelle, le mode indicatif est de rigueur. Comparez : Qu'il ait raison ou qu'il ait tort, il s'obstine et Selon qu'il a raison ou qu'il a tort, il est un bon ou un mauvais critique. Dans l'affaire qui nous occupe, l'anglais migrant est, de fait, soit adjectif et donc écrit au singulier, soit substantif et donc susceptible de prendre la marque du pluriel.

    Force est pourtant de constater que le subjonctif tend à concurrencer l'indicatif, depuis le XXe siècle, après selon que et suivant que marquant l'alternative. Pour preuve, ces quelques exemples trouvés chez des auteurs appelés à réviser leurs conjugaisons : « Cette sorte d'enchantement (ou d'envoûtement, selon qu'on veuille l'entendre) » (Maurice Genevoix), « Selon qu'il dût s'en aller chez un tripier ou chez une ouvrière en chambre » (Philippe Hériat, cité par Knud Togeby), « Suivant que l'on se travestisse en major anglais ou en Français moyen » (Pierre Daninos, cité par Grevisse), « Selon que l'on veuille ou non considérer ces changements comme un progrès » (Pierre Legendre), «  Selon qu'il soit avant ou après le nom » (Pierre Vidal-Naquet), « Selon que l'on mette en avant l'acception nationale ou religieuse » (Bernard Antony), « Selon qu'on y réussisse ou qu'on y échoue » (Roger-François Gauthier). Influence de la locution soit que… soit que... comme de la plupart des connecteurs exprimant la condition (à moins que, pour peu que, pourvu que, en admettant que, à supposer que, à la condition que, etc.), lesquels appellent le subjonctif ? Hypercorrection ? Snobisme ? Effet de mode ? Il n'est que de parcourir la Toile pour s'apercevoir que la tendance est plus lourde qu'il n'y paraît : « Selon qu'il soit terrestre ou marin » (Le Figaro), « Selon que vous ayez 18 ou 74 ans » (L'Express), « Selon qu’on soit Hondurien ou Allemand » (Libération), « Selon que le tarif de base soit de 25 euros ou passe à 30 euros » (Le Point), « Selon qu'il s'agisse d'une administration en contact avec les citoyens, d'entreprises publiques ou semi-étatiques, ou encore à caractère industriel » (Le Monde), « Selon que vous soyez accidenté du travail ou élu absentéiste » (Marianne), « Selon qu'il soit élevé ou non » (Atlantico), « Selon que l'on choisisse les termes de la direction ou des syndicats » (Les Échos), « Selon qu'on soit un homme ou une femme » (Femme Actuelle).

    De là à se limiter aux seules formes communes à l'indicatif et au subjonctif, histoire de ne froisser aucune susceptibilité...

    (1) Exemples au conditionnel : « Selon que leur audace desbridée les transporterait » (Calvin), « Les sommes affectées à ses fondations devaient être augmentées selon que s’accroîtrait sa fortune » (Fernand Gregh), « On emploierait l'un ou l'autre selon que l'on parlerait d'un homme à qui le changement de milieu a été mauvais, ou d'un homme qui a trouvé une nouvelle vigueur par le fait même de sa transplantation en un terrain nouveau » (Gide), « Je l'accueillerais ou le blâmerais selon qu'il viendrait ou non » (Hanse).

    Remarque : La question posée par Brigitte Bloch dans La Grammaire en folie (2005) : « Étant donné qu'il plane un doute sur selon que, pourquoi utilise-t-on l'indicatif après ? » est symptomatique de la confusion qui règne actuellement sur ce sujet.

     

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    Ce qu'il conviendrait de dire


    Au singulier ou au pluriel, selon qu'il est adjectif ou substantif.

     


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  • « Le bras de fer entre les syndicats et le gouvernement se poursuit donc, prenant en otages les usagers. »
    (Lucie Nuttin, sur bfmtv.com, le 15 juin 2016)   

     

     

     

    FlècheCe que j'en pense


    Loin de moi l'intention de prendre notre journaliste en traître, mais si l'on en croit le Larousse en ligne « l'usage laisse otage au singulier dans l'expression en otage : les gangsters ont pris en otage trois clients de la banque ; mais : trois clients de la banque sont gardés comme otages ». Tel semble être également l'avis de Girodet : « On écrit, avec otage au singulier, garder en otage (plusieurs personnes). » C'est que l'on perçoit traditionnellement dans en otage une locution figée (*), donc invariable, contrairement à comme otage ou pour otage, où le nom est davantage ressenti comme un attribut. Comparez : « Les personnes que l'on donne en otage sont aussi, à proprement parler, des gages pour l'assurance de quelque promesse » (Encyclopédie de Diderot et d'Alembert), « Jean sortit enfin de la tour de Londres après quatre ans, en donnant en otage son frère et deux de ses fils » (Voltaire), « François Ier accepta le traité de Madrid, donnant ses deux fils en otage à son ennemi » (Jacques Bainville), « Livrez-moi des enfants nobles en otage » (Anatole France), « Des touristes furieux d'être "pris en otage" par des cheminots grévistes » (Gérard Oberlé), « Que soient prises en otage, à l'avenir, toutes les aventures spectaculaires » (Jacques Attali), mais « Prisonniers retenus comme otages » (Petit Robert), « Ayant pris pour otages cinquante des principaux de la ville, et autant de jeunes enfants » (Dictionnaire pour l'intelligence des auteurs classiques, grecs et latins, 1787), « Pour cela, donnez pour otages moi et mon frère » (Dictionnaire de la langue des troubadours, 1840), « Les ennemis se firent donner des villes pour otages » (Littré), « On m'avait menacé, à cause de mon nom, d'arrêter mes parents comme otages » (Villiers de l'Isle-Adam), « Les notables sont tenus pour otages » (Maurice Barrès).

    Force est pourtant de constater que l'usage, en la matière, n'est pas aussi bien fixé qu'on voudrait nous le faire croire. L'Académie n'a-t-elle pas longtemps prôné l'invariabilité dans les anciennes éditions de son Dictionnaire (« On donna six seigneurs, six officiers, six magistrats en otage »), avant de changer son fusil d'épaule dans la dernière : « Le juge d'instruction fut pris en otage par le prévenu. Des terroristes ont pris en otages les passagers de l'avion » ? À l'inverse, les exemples au pluriel ne sont pas rares en ancien français : « Li meteroient leur enfanz en ostages », « Estre et demourer en ostages par devers l'Empereur », « Ayant pris en ostages les enfans de Ragenart ». Pour ne rien simplifier, Bescherelle porte sur le sujet un regard encore différent : « Ils ont été pris en otage(s). Reste au singulier au sens figuré. Les villes sont prises en otage. »

    Résumons : si l'unanimité semble acquise sur le fait que otage varie toujours dans comme otage, pour otage, l'expression en otage est considérée, par les uns, comme figée, par les autres, comme variable selon le nombre de personnes détenues ou selon le sens (propre ou figuré). Avouez que l'on a connu position mieux établie... La confusion est telle qu'il n'est pas rare de prendre des dictionnaires en flagrant délit de contradiction au sein d'une même édition : chez Robert, « Des journalistes ont été pris en otages » mais « Un pirate de l'air : personne qui prend en otage l'équipage et les passagers d'un avion » (Dictionnaire du français de Josette Rey-Debove, respectivement aux entrées « otage » et « pirate ») ; dans le camp d'en face, « [Il] revient en France, laissant deux de ses fils en otage » mais « Ces derniers, à partir de 1985, prennent en otages des Occidentaux » (Petit Larousse illustré 2005, respectivement aux entrées « Jean II le Bon » et « Liban »). À la décharge des contrevenants, Thomas concède qu'« on est souvent embarrassé pour savoir à quel nombre on doit mettre les noms précédés de la préposition en dans certaines expressions ». C'est peu de le dire !

    (*) L'ambivalence des origines du mot otage n'est sans doute pas étrangère au phénomène. Vraisemblablement dérivé de hôte − qui, en latin, s'est dit hostis, hostem (« l'étranger, l'ennemi », d'où hostile), puis hospes, hospitem (« celui qui donne ou reçoit l'hospitalité ») −, le substantif possède à la fois les valeurs de « logement, demeure » et de « caution, échange, garantie », d'où l'expression prendre en ostage, qui a signifié « prendre dans sa maison (spécialement une personne comme caution de l'exécution d'une promesse, d'un contrat, d'un traité) » − les otages, précise le Dictionnaire historique de la langue française, « étant généralement logés dans la maison du souverain auprès duquel ils avaient été envoyés ». Par métonymie, on est passé de la désignation du lieu (la demeure) à celle de la personne qui y est retenue comme garantie et, par extension, de toute personne dont on s'empare et que l'on utilise comme moyen de pression, de chantage.

    Remarque 1 : D'aucuns feront observer, avec quelque apparence de raison, que la situation des usagers « pris en otage(s) » par les syndicats n'a rien de comparable avec, par exemple, celle des journalistes retenus dans des pays en guerre. Partant, est-on fondé à parler de prise d'otages à propos de « simples » conflits sociaux ? Oui, répond sans détour le Dictionnaire historique de la langue française : « Au figuré, prendre en otage se dit des actions revendicatives (grèves, manifestations) entraînant une gêne à l'égard d'usagers (des transports notamment). » Même bienveillance du côté de l'Académie, qui n'a pas hésité à entériner cette acception dans la dernière édition de son Dictionnaire  : « Par affaiblissement. Des usagers pris en otages par les grévistes. » C'est que la valeur du mot otage a fortement varié au cours des siècles, par renforcement ou par affaiblissement, depuis l'objet de contrat, autrefois retenu à demeure comme garantie, jusqu'à l'objet de chantage, qu'il soit privé de sa liberté le temps d'obtenir ce que l'on exige, fusillé sans autre forme de procès pour impressionner les populations... ou simplement gêné dans son quotidien pour faire pression sur une collectivité. À y bien regarder, du reste, la notion de marchandage originellement attachée au terme otage semble moins reniée dans un contexte de conflit social que dans un contexte de terrorisme.

    Remarque 2 : Selon l'Académie, Bescherelle, Girodet, Hanse et Thomas, on dit un otage même quand il s'agit d'une femme : Cette princesse était un otage précieux. Le féminin une otage est toutefois attesté depuis la fin du XIXe siècle : « Il transforma la mère de l'empereur en une otage et une auxiliaire dévouée de l’Église romaine » (Abel-François Villemain), « Une otage a été libérée » (Dictionnaire du français de Josette Rey-Debove). De là à concevoir la condition d'otage comme une véritable « profession », sujette à une féminisation lexicale...

    Remarque 3 : Otage s'est écrit ôtage (ou hôtage) pour marquer la disparition du s de l'ancien français ostage (ou hostage). Mais l'o n'étant pas long, le substantif n'a pas conservé son accent circonflexe, contrairement à hôte.

     

    FlècheCe qu'il conviendrait de dire


    Les usagers sont pris en otage (selon Larousse) ou en otages (selon l'Académie).

     


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  • Drôle de méthode

    « Le ministre du tourisme a beau pratiquer la méthode Couet, les professionnels du secteur font grise mine. »
    (Hinde Taarji, sur lavieeco.com, le 15 juin 2016)   

     

    Émile Coué  (photo Wikipédia sous licence GFDL)

     

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    J'en connais un qui, à l'inverse, doit rire de bon cœur : c'est l'animateur et humoriste Sébastien Cauet, lequel présentait il n'y a pas si longtemps une émission sur TF1, malicieusement intitulée La Méthode Cauet. Il ne vous aura pas échappé que le titre joue sur la paronymie avec le nom du psychologue et pharmacien français, Émile Coué de la Châtaigneraie (1857-1926), connu dans le monde entier pour sa méthode de guérison et de développement personnel (la fameuse méthode... Coué) fondée sur l’autosuggestion.

    Cauet, Couet, Couais, Coué... D'aucuns me rétorqueront que c'est, pour ainsi dire, bonnet blanc et blanc bonné. Il est vrai que l'on a tôt fait de s'emmêler les patronymes depuis que la prononciation moderne ne marque plus (guère) la différence entre les sons é et è en fin de mot. Et comme je ne suis pas convaincu que le pire, en la matière, soit derrière nous, je vous invite à répéter avec moi : « Tous les jours, à tous points de vue, la langue française va de mieux en mieux. » Histoire de positiver un peu, comme on dit de nos jours.

    Remarque : Profitons de l'occasion pour préciser que coué, issu de l'ancien français coue (« queue »), est un vieux terme de chasse qui servait à qualifier un animal à qui l'on n'avait pas coupé la queue : un chien coué. L'adjectif s'est plus rarement employé à propos de démons : « Autrefois, les anges, comme moi révoltés, se montraient aux chrétiens sous des apparences grotesques et ridicules, noirs, cornus, velus, coués, les pieds fourchus » (Anatole France).

     

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    Ce qu'il conviendrait de dire


    Le ministre pratique la méthode Coué.

     


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  • « Toutefois, les ténors de l'opposition qui ont tenté de surfer sur la vague "anti-Dilma" en ont eu pour leurs frais [...] Ils ont été traités d'opportunistes par les manifestants anticorruption. »
    (Thierry Ogier, sur lesechos.fr, le 14 mars 2016)   
    Dilma Rousseff  (photo Wikipédia sous licence GFDL par Agência Brasil)

     

    FlècheCe que j'en pense


    J'entends déjà les mauvaises langues claironner qu'il vaut mieux éviter de prendre ce que disent les journalistes pour argent comptant. En l'espèce, il aura suffi au lecteur attentif de rétablir l'auxiliaire être dans ses droits pour éviter de faire les frais d'un fâcheux contresens.

    L'expression en être pour ses frais, attestée en 1690 chez Furetière sous la forme en être pour les frais, signifie proprement « ne tirer aucun profit de ses dépenses, avoir dépensé beaucoup d'argent sans résultat » (frais y est pris dans son acception de « dépenses ») et, au figuré, « s'être donné du mal inutilement, être déçu » (frais y est pris dans son acception d'« efforts ») : « Elle en fut pour ses frais, pour ses paroles insidieuses, pour ses mines coquettes, et sortit du salon avec un irrévocable désir de vengeance » (Balzac), « J'ai vu le moment où j'allais en être pour mes frais » (Courteline), « Je crains, ma tante, qu'il en soit pour ses frais » (Gide), « Je ne pipais pas pendant qu'il me parlait. Il en fut donc pour ses frais de confidences » (Céline), « Là-dessus les gens brodent. Ils en seront pour leurs frais » (Druon).

    Reconnaissons, à la décharge de notre journaliste, que le risque de confusion est d'autant plus grand que ce genre de construction idiomatique résiste souvent à l'analyse : en être prend-il ici le sens de « être engagé (dans quelque affaire) » et pour, celui de « en échange de », comme le suppose Kristian Sandfeld dans Syntaxe du français contemporain (1928) ? Toujours est-il que en être pour quelque chose (ses frais, son argent, sa peine, son temps, sa réputation...) équivaut − Littré nous en fiche son billet − à « l'avoir perdu ». Le sens est d'ailleurs à peu près le même que celui de l'expression familière en être (ou y être) de (sa poche, sa peine, son temps...).

    Mais voilà : à côté de en être pour son argent s'est formé au début du XIXe siècle le tour en avoir pour son argent, qui signifie quant à lui « obtenir un bien ou un service répondant à la somme ou, par extension, aux efforts qu'il a coûtés ». Aussi ne s'étonnera-t-on pas − proximité sémantique oblige − de voir fleurir, dans la foulée, des « en avoir pour ses frais », qui n'auraient rien de condamnable... s'ils n'étaient plus souvent qu'à leur tour employés au sens de « en être pour ses frais » ! Comparez : Le public veut en avoir pour ses frais (ou, plus couramment, pour son argent) et Ceux qui prédisaient un échec en ont pour leurs frais (au lieu de en sont pour leurs frais). Que voulez-vous, avoir ou être, c'est comme boire ou conduire : il faut choisir !

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Ils en ont été pour leurs frais.

     


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